Triptyque « Le sermon sur la montagne »
« Le sermon sur la montagne »
Le triptyque de l’église Saint-Georges vient d’être inscrit aux Monuments historiques en 2019 pour être classé. Thierry Zimmer, Conservateur général du patrimoine, nous raconte l’histoire du tableau et de son auteur, la peintre américaine Achsah Brewster.
Achsah Barlow (1879-1945) étudie l’art à New-York puis à Paris.
En 1904, elle fait la connaissance du peintre et sculpteur Earl Brewster (1878-1957) qu’elle épouse en 1910. Le couple déménage en Italie où il rencontre en 1921 à Capri, David-Herbert Lawrence, l’auteur de L’Amant de Lady Chatterley, et son épouse, puis passe six années dans le sud de la France avant de s’installer en Inde en 1935.
Dès 1923, le couple publie L’œuvre de E.H. et Achsah Barlow Brewster y précisant leurs principes artistiques, leurs influences et leurs objectifs. En Inde, ils fréquentent Nehru et le danseur Uday Shankar, frère de Ravi.
Influences, spiritualité et grands formats
Stylistiquement, les œuvres d’Achsah sont principalement influencées par les peintures murales de Puvis de Chavannes et les peintres primitifs italiens. Le travail d’Achsah, comme celui de son mari, témoigne d’une spiritualité variée englobant des sujets chrétiens, bouddhistes et hindous, Elle réalise des grands formats et des peintures murales qui conduisent Maurice Denis à lui demander d’intégrer les Ateliers d’Art Sacré, mais elle refuse afin de conserver toute son indépendance. Les œuvres du couple sont surtout conservées dans des musées indiens.
Le triptyque de Crécy a été peint à Capri vers 1920, offert en 1923 au cardinal Louis-Ernest Dubois, archevêque de Paris, puis donné à la paroisse de Crécy par le chanoine Ernest-Julien Jourdain, curé de Crécy-en-Brie de 1907 à 1933.
Il aurait donc été peint au moment où les Brewster ont rencontré le couple Lawrence. S’il y a une évidente influence des peintres nabis dans l’utilisation des couleurs en opposition forte, la douceur des coloris et la composition renvoient au travail de Puvis de Chavannes ainsi qu’à celui d’Alphonse Osbert.
Ces toiles du couple Brewster sont, semble-t-il, les seules conservées en France. En 2018, leur indéniable intérêt artistique a justifié leur inscription au titre des monuments historiques et une demande de classement qui sera instruite en 2019.
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